Membres de l’équipe « écologie » du collectif Traits-d’Union, Caroline Verna, océanologue, Tulio Matencio, professeur à l’UFMG, et Arnaud Colin, fondateur d’une entreprise dans les énergies renouvelables, Triskel Energy Solutions, ont rassemblé leurs connaissances et leur expertise sur le changement climatique et nous proposent une série d’articles sur ce thème.
Ce premier article revient sur les grandes étapes de la prise de conscience internationale, et sur les engagements des Etats en vue de réduire notre bilan carbone.
Il y a trente-trois ans naissait au sein de l’ONU le Groupe d’Experts Internationaux sur l’évolution du Climat (GIEC), comme résultat d’une prise de conscience internationale des dangers que représentait le réchauffement accéléré du climat et de sa probable relation avec les activités humaines.
Un premier rapport alarmant
En quelques années, les plus éminents experts en climatologie de la planète aboutiront à un premier rapport alarmant sur l’origine anthropique du réchauffement climatique et le cercle vicieux engendré par l’augmentation exacerbée des émissions de gaz à effet de serre (voir figure 1) et la destruction des écosystèmes sylvestres et océaniques.
La conférence de Rio 92 posera alors les bases du développement durable et d’un consensus international sur les objectifs à atteindre et les actions à mener pour éviter un enrayement de la machine climatique.
Entre bonnes résolutions et blocages
Depuis lors, du protocole de Kyoto en 1997 aux accords de Paris en 2015, les États alternent bonnes résolutions et blocages politico-économiques alors que les phénomènes climatiques extrêmes se font de plus en plus fréquents et que les évidences scientifiques de la responsabilité humaine s’accumulent de manière accablante.
L’objectif annoncé est d’agir pour maintenir le réchauffement global en dessous de 1,5ºC d’ici 2100 (voir figure 2) grâce à des changements consistants de modes de production, consommation et une protection accrue de la couverture forestière.
* Les Profils RCP sont les 4 scénarios d’augmentation de radiations énergétiques en W/m² (2.6, 4.5, 6.0 et 8.5), résultants de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique.
Aujourd’hui, les principaux émetteurs de gaz à effet de serre sont connus avec grande précision (voir figure 3), ainsi que les destructeurs de puits de carbone (formes naturelles de stockage du carbone organique), ce qui devrait permettre une action ciblée et coordonnée pour la réduction du taux de carbone dans l’atmosphère.
Timidité des décideurs et négationnisme
Mais la timidité de la plupart des décideurs et le négationnisme de certains autres participent pourtant au rapprochement inexorable du point de non-retour. Le bilan carbone de chaque pays ou entreprise, qui sera abordé dans un prochain article, est cependant complexe et doit être calculé en tenant compte de l’aspect global des activités, incluant donc les importations et le transport.
L’exemple du Brésil, producteur majeur d’activités hautement émettrices de CO2 comme l’agriculture intensive (soja, boeuf, poulet) et l’exploitation minière mais aussi champion de la déforestation, permet de comprendre qu’une demande décroissante et des clients plus exigeants auraient un impact décisif sur le bilan carbone.
Une transition écologique de plus en plus consistante
Il faut néanmoins souligner que de plus en plus de pays et d’entreprises se sont lancés récemment dans une consistante transition énergétique visant à réduire drastiquement l’utilisation des énergies fossiles, en subventionnant par exemple le développement des énergies renouvelables, des transports électriques ainsi que la filière de l’hydrogène vert, technologies dont nous reparlerons dans les prochains articles.
Ainsi, des pays comme la Norvège, la Suède, le Royaume Uni, la France, le Canada ou même l’état américain de Californie ont annoncé la fin de la production des moteurs thermiques d’ici au plus tard 2040 (voir figure 4), promptement suivis par les principaux constructeurs automobiles mondiaux.
« Il n’y a pas de planète B »
D’autres fronts sont et devront être ouverts dans cette lutte contre l’emballement climatique, comme le développement de techniques de captation de carbone, artificielles ou naturelles, ou encore la mise au point d’une économie circulaire menant à une décroissance planifiée.
Cependant, ces avancées technologiques et économiques sont déjà attendues et comptabilisées dans les scénarios optimistes des experts avant même d’exister. Il est donc fondamental que tous les pays agissent sans attendre et appliquent avec discipline les lignes directrices suggérées par les nations unies, en ayant conscience que, selon les mots de Ban Ki Moon, secrétaire général de l’ONU pendant la COP21: « il n’y a pas de plan B car il n’y a pas de planète B!« .
Arnaud Colin, fondateur de Triskel Energy Solutions
Un commentaire
Claudia Luiza Alves Couto
Muito esclarecer! Importante buscarmos espaços de maiores reflexões sobre o tema e uma pressão para a não só tomada de consciência, mas implantação de ações efetivas para não só contornar mas resolver este sério problema