Membres de l’équipe « écologie » du collectif Traits-d’Union, Caroline Verna, océanologue, Tulio Matencio, professeur à l’UFMG, et Arnaud Colin, fondateur d’une entreprise dans les énergies renouvelables, Triskel Energy Solutions, ont rassemblé leurs connaissances et leur expertise sur le changement climatique et nous proposent une série d’articles sur ce thème.

Ce premier article revient sur les grandes étapes de la prise de conscience internationale, et sur les engagements des Etats en vue de réduire notre bilan carbone.

Il y a trente-trois ans naissait au sein de l’ONU le Groupe d’Experts Internationaux sur l’évolution du Climat (GIEC), comme résultat d’une prise de conscience internationale des dangers que représentait le réchauffement accéléré du climat et de sa probable relation avec les activités humaines.

Un premier rapport alarmant

En quelques années, les plus éminents experts en climatologie de la planète aboutiront à un premier rapport alarmant sur l’origine anthropique du réchauffement climatique et le cercle vicieux engendré par l’augmentation exacerbée des émissions de gaz à effet de serre (voir figure 1) et la destruction des écosystèmes sylvestres et océaniques.

La conférence de Rio 92 posera alors les bases du développement durable et d’un consensus international sur les objectifs à atteindre et les actions à mener pour éviter un enrayement de la machine climatique.

Figure 1: Principe physique de l’effet de serre (Source consultée le 26/04/21: https://changingclimate.ca/ )

Entre bonnes résolutions et blocages

Depuis lors, du protocole de Kyoto en 1997 aux accords de Paris en 2015, les États alternent bonnes résolutions et blocages politico-économiques alors que les phénomènes climatiques extrêmes se font de plus en plus fréquents et que les évidences scientifiques de la responsabilité humaine s’accumulent de manière accablante.

L’objectif annoncé est d’agir pour maintenir le réchauffement global en dessous de 1,5ºC d’ici 2100 (voir figure 2) grâce à des changements consistants de modes de production, consommation et une protection accrue de la couverture forestière.

En oc 
6,0 
2,0 
1950 
— Historique 
profil RCP2.6 
— Profil RCP4.5 
— Profil RCP6.o 
— Profil RCP8.5 
2000 
2050 
Moyenne 2081-2100 
2100 
Note variation de la température par rapport à la période 1986-2005.
Figure 2: Projection de la variation de température moyenne mondiale suivant différents scénarios (Source GIEC, 1er groupe de travail, 2013)

* Les Profils RCP sont les 4 scénarios d’augmentation de radiations énergétiques en W/m² (2.6, 4.5, 6.0 et 8.5), résultants de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique.

Aujourd’hui, les principaux émetteurs de gaz à effet de serre sont connus avec grande précision (voir figure 3), ainsi que les destructeurs de puits de carbone (formes naturelles de stockage du carbone organique), ce qui devrait permettre une action ciblée et coordonnée pour la réduction du taux de carbone dans l’atmosphère.

Timidité des décideurs et négationnisme

Mais la timidité de la plupart des décideurs et le négationnisme de certains autres participent pourtant au rapprochement inexorable du point de non-retour. Le bilan carbone de chaque pays ou entreprise, qui sera abordé dans un prochain article, est cependant complexe et doit être calculé en tenant compte de l’aspect global des activités, incluant donc les importations et le transport.

L’exemple du Brésil, producteur majeur d’activités hautement émettrices de CO2 comme l’agriculture intensive (soja, boeuf, poulet) et l’exploitation minière mais aussi champion de la déforestation, permet de comprendre qu’une demande décroissante et des clients plus exigeants auraient un impact décisif sur le bilan carbone.

Total : 49 GtéqC02 
Mae 23,0 
Aures 0,3 
Tertiaire 1 
Autres 
producton 
et de 
25,0 
ln"tie 18,0 
Autres 3.6 
TMct*es et fugitives 
Ènissions 
6,0 
Afatl 09 
hdtBËie 10 6 
5,1 
Émissiœ's 
Les émissions 
indirectes 
correspondent 
aux émissions des 
secteurs liées à 
leur consormnation 
d'électricité et de 
chaleur. 
3. Afat : agriculture, et autres affectations des terres.
Figure 3: Répartition des émissions mondiales de gaz à effet de serre par secteur en 2010 (Source GIEC, 3ème groupe de travail, 2014)

Une transition écologique de plus en plus consistante

Il faut néanmoins souligner que de plus en plus de pays et d’entreprises se sont lancés récemment dans une consistante transition énergétique visant à réduire drastiquement l’utilisation des énergies fossiles, en subventionnant par exemple le développement des énergies renouvelables, des transports électriques ainsi que la filière de l’hydrogène vert, technologies dont nous reparlerons dans les prochains articles.

Ainsi, des pays comme la Norvège, la Suède, le Royaume Uni, la France, le Canada ou même l’état américain de Californie ont annoncé la fin de la production des moteurs thermiques d’ici au plus tard 2040 (voir figure 4), promptement suivis par les principaux constructeurs automobiles mondiaux. 

Pays ayant défini une date pour la fin de la production de voitures à moteurs de combustion interne
Figure 4: Pays ayant défini une date pour la fin de la production de voitures à moteurs de combustion interne (Source consultée le 26/04/21: https://thedriven.io/)

 

« Il n’y a pas de planète B »

D’autres fronts sont et devront être ouverts dans cette lutte contre l’emballement climatique, comme le développement de techniques de captation de carbone, artificielles ou naturelles, ou encore la mise au point d’une économie circulaire menant à une décroissance planifiée.

Cependant, ces avancées technologiques et économiques sont déjà attendues et comptabilisées dans les scénarios optimistes des experts avant même d’exister. Il est donc fondamental que tous les pays agissent sans attendre et appliquent avec discipline les lignes directrices suggérées par les nations unies, en ayant conscience que, selon les mots de Ban Ki Moon, secrétaire général de l’ONU pendant la COP21: « il n’y a pas de plan B car il n’y a pas de planète B!« .

Arnaud Colin, fondateur de Triskel Energy Solutions